Cinéma marocain

Cinéma marocain
Si le Maroc n'a pas encore son Francis Ford Coppola, son Woody Allen, Quentin Tarantino ou John Woo, des jeunes réalisateurs au talent infini sont en train de révolutionner notre cinéma. Parmi eux des très connus comme Nabil Ayouch ou Narjiss Nejjar, mais surtout des futurs très grands comme Faouzi Bensaïdi, Noureddine Lakhmari, Leila Triki, Laïla Marrakchi et tant d'autres.


Cinéphile, inconditionnelle d'un certain cinéma américain, il m'aura durant très longtemps été pénible de regarder un film marocain du début à la fin. Une question de culture cinématographique probablement, mais aussi d'esthétique. Je trouvais nos films mal fichus, toujours incertains et dans un constant go between entre le cinéma d'auteur et le cinéma de rien...

Puis par pur hasard j'ai fais de superbes rencontres avec des courts métrages d'abord. Tous réalisés par des jeunes, enfin pour une partie, des réalisateurs de ma génération. Curieusement à quelques rares exceptions près, tous ont étudié ou étudient le cinéma en France, en Belgique, en Norvège ou encore aux Etats-Unis. Ils sont marocains, mais leurs films sont universels.

Ces nouveaux cinéastes marocains nous racontent des histoires. De vraies histoires. Leurs films n'ont techniquement rien à envier aux films européens ou américains et il y a du sens. Le verbiage et la petite littérature ont fait place à des films plus aboutis, plus cinmétographiques.

Si j'ai décidé de parler cinéma aujourd'hui, c'est parce que l'un de ces jeunes cinéastes, Laïla Marrakchi en l'occurence, vient d'être traînée dans la boue par d'autres cinéastes pendant le Festival du cinéma qui se tient à tanger du 2 au 9 décembre. La raison: son film, Marock. Un premier long métrage qui raconte une facette d'un Maroc qui existe, que beaucoup d'entre nous connaissent, celui de la jeunesse privilégiée de ce pays.


Des jeunes partagés entre leurs désirs et leur culture. Entre modernité et tradition. En plus clair une schizophrénie qui vaut en réalité pour toutes les classes sociales du pays. Sans doute plus pour les enfants d'une élite déculturée. Il s'agit bien de déculturation et non pas d'acculturation.

Ce qui a le plus choqué dans ce film? C'est assurément l'histoire d'amour entre l'héroïne du film et un jeune juif marocain. Bien sûr , les détracteurs du film de Laila Marrakchi ne le disent pas clairement, mais le fond du problème est là. Tout passe, sauf "ça". Le plus scandaleux dans toute cette histoire c'est que les critiques du film ont estimé qu'il n'avait pas sa place dans un festival de films marocains, mais international!

Quelle "insulte"!! La jeune cinéaste franco-marocaine qui n'a pas été beaucoup défendue jusqu'à maintenant, va sans doute faire une très belle carrière et son "Marock" aura un beau succés en salle. Ici et ailleurs. C'est en tous les cas tout le mal qu'on peut lui souhaiter.

je profite de l'occasion de vivement vous conseiller cet excellent film mais aussi tous ceux de cette nouvelle génération de cinéastes qui sont un honneur pour ce pays.

Juste un dernier mot pour ceux qui le peuvent: prenez le temps de vous déplacer dans les salles sombres du Royaume. C'est essentiel pour la survie d'un cinéma national qui est vraiment en train de rebondir...